"Patrice Terraz photographie deux choses invisibles. D'abord la lumière. Car celle que traque Patrice Terraz ne se distingue pas à l'oeil nu. C'est un filet de lumière, comme une respiration que l'on entend à peine. Comme de l'eau qui, goutte à goutte, à force d'attente, finit par étancher la soif.
Le temps, ensuite. Celui avec lequel on doit faire preuve de patience afin que se révèle à nous la face cachée des êtres et des choses. Si son oeil humain ne distingue rien dans la nuit noire, la rétine de son appareil photographique, elle, reste ouverte très longtemps. Leur seul complice est un phare lointain dont le faisceau balaie régulièrement les rochers déchiquetés.
Sous la caresse imperturbable de ce pinceau lumineux, les rochers s'émeuvent, s'ébrouent et prennent vie. Parfois, à l'horizon, la lueur d'un cargo trace un rail imaginaire. Et là-haut, la course des étoiles prend la mesure du temps de pose."
Daphné Anglès, New York Times.