Cela va faire 10 ans que mon frère Alain est prof de sport au lycée Alfred Sauvy, un lycée professionnel du bâtiment, isolé à 25 km de Perpignan, souffrant d’une bien mauvaise réputation. Chaque année il me raconte un peu son univers.
« Un tiers des élèves se retrouvent là contre leur gré. Certains font maçonnerie car ils n'ont pas réussi à rentrer en carrosserie automobile, le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ne sont pas très motivés. Une grande partie de ces élèves décroche avant la fin de l'année. Des fois je prends une classe, je les emmène marcher en forêt et dormir en refuge, du coup on se connait mieux et on se respecte.»
L'an dernier à Sauvy, sur 500 élèves, 90 sont partis. Alors, j'ai décidé d'aller voir.
Que fait-on pour lutter contre le décrochage scolaire? Comment colmater cette fuite qui laisse échapper les élèves du système, bien que pour beaucoup d’entre eux une solution alternative ait été trouvée?
C'était simple, d'un côté une partie des élèves allergiques au système scolaire, qui atterrissent là par défaut, en face, une équipe enseignante qui s'accroche tant bien que mal contre le décrochage.
Je suis arrivé et j'ai été bouleversé.
Effectivement j'ai trouvé des profs qui en bavent mais qui n'ont pas baissé les bras, motivés pour motiver les jeunes et leur redonner confiance. Certains emmènent leurs élèves au théâtre, d’autres faire de la boxe, de la musique, de l'aviron, du ski, des échasses ou randonner sous les étoiles. À l'encontre des clichés, il y a en face tout et son contraire. Des jeunes attachants perdus motivés affectueux bagarreurs incontrôlables amoureux bienveillants, toujours prêts pour faire une connerie, drôle ou à pleurer…mais soyons honnêtes, j'ai beaucoup plus ri que pleuré.