Lorsque je leur ai demandé ce qu’ils faisaient de leur temps libre, je me suis retrouvé au bord d’une crique dans la forêt, au marché de Cacao, et au skatepark de Cayenne. L’endroit le plus urbain que j’ai fréquenté. Car partout ailleurs c’est l’eau et la forêt. Au milieu du vert et le brun dominant, éclatent ça et là les étincelles de l’or que l’on arbore fièrement. Boucles d’oreilles Mercedes, bagues Lacoste, ou dents frappées du logo Nike.
À Mana ou Javouhey, chacun vit ancré dans sa culture, personne ne jalouse l’autre. Vu la précarité, le climat ambiant est étonnamment stable. On cohabite la journée, puis chacun rentre chez soi. Awala Yalimapo est Kali’na, Charvein est principalement N’Djuka. On parle le Taki Taki. Le dépaysement est partout.
À Saint Laurent du Maroni, la démographie grimpe si rapidement que les établissements scolaires ne peuvent suivre. Au va au lycée en stop pour pallier la carence de transports scolaire. Les jeunes filles font la vaisselle dans le fleuve et leur projet d’avenir est de faire des enfants. Une partie de cette jeunesse aux perspectives d’avenir un peu trop floues, se porte volontaire pour suivre une formation professionnelle au sein du Régiment du Service Militaire Adapté. Cette particularité des territoires Outre-mer offrira à ces jeunes la possibilité d’apprendre un métier, de passer le permis de conduire, et de se faire remettre dans le droit chemin.
C’est là que j’ai rencontré Frankie et sa bande d’amérindiens Wayampi de Camopi. Nous sommes allés nous balader à Albina au Suriname, de l’autre côté du Maroni. 10 minutes de pirogue et 2€50 suffisent à abolir une frontière que l’état français ne peut maitriser. C’est là aussi que j’ai rencontré Demoine qui rentre chez lui en pirogue sur l’île Portal au milieu du Maroni, ou encore Janeldo qui m’a emmené à Apatou, où la route s’arrête. Au delà, reste l’eau et la forêt. Et le sentiment d’avoir vécu en paix dans un territoire unique au monde.
Ces photos réalisées en juin 2019, font partie du projet « Une jeunesse ultramarine » qui a reçu le soutien du Ministère de la Culture et du Ministère des Outre-mer.