Les Kanak, ou Mélanésiens, sont les plus nombreux et représentent 40 % de la population. C’est vers ce peuple premier que je me suis orienté. C’est un parti pris. Leur culture, profondément ancrée dans leur vie de tous les jours, bouleverse nos codes occidentaux et reste, malgré sa richesse, incroyablement méconnue, y compris de la majeure partie des autres personnes qui vivent en parallèle sur le même territoire.
Leur désir d’avoir plus de visibilité et d’être entendus est très fort. Ici, la tribu passe avant l’individu et le mode de vie est collectif. À l’instar des piliers qui charpentent les cases, chaque personne a sa place et son rôle bien défini. Personne ne convoite la place de l’autre, y compris celle du chef. La notion de «jeune» est très large. On est jeune tant qu’on n’est pas marié ou qu’on n’a pas fondé un foyer. Lors des nombreuses cérémonies coutumières, les jeunes parlent peu, car leur parole n’a pas de poids. Ils écoutent et surtout, ils regardent. C’est par ces échanges de regards que j’ai avancé, en suivant un chemin guidé par mes hôtes. La plupart des jeunes revendiquent leur attachement à cette vie tribale. Ce sont eux que j’ai voulu représenter.
Un passé douloureux, des plaies non cicatrisées, une timide reconnaissance, une oscillation entre tradition et modernité et un avenir incertain qui doit se jouer lors du référendum de 2018 sur la question de l’indépendance…tous ces paramètres créent une situation unique et porter son regard sur la jeunesse Kanak prend soudain tout son sens.
Les photographies ont été réalisées en décembre 2016 et janvier 2017 lors de la commande du CNAP « Jeunes-générations »